L'école est finie – Chapître deux – Premier trimestre -
1 – Pleurs et grincements de dents
L'année scolaire comme tout le monde le sait est composée de trois trimestres. Chacun d'eux comporte deux périodes, à part le dernier qui est entrecoupé de ponts (sauf les années où les jours fériés tombent un week-end !)
Après le rush de la rentrée, que j'ai pris le temps de décrire parce que c'est sûrement le moment le plus condensé de l'année en travail et en émotion, il faut aux élèves de petite section jusqu'aux vacances de la Toussaint pour prendre leurs repères.
Le matin c'est souvent un déchirement de se séparer de maman-papa, pleurs, cris, trépignements... une épreuve pour les bambins, leurs parents et nos oreilles ! D'autant que lorsqu'il y en a un qui commence, les autres à peine calmés remettent ça de plus belle et c'est le concert dans la classe.
Les parents encore présents nous regardent d'un air effaré. Si ce n'est pas le leur qui pleure, ils sont plutôt compréhensifs :
« Quelle patience vous avez !
Je ne sais pas comment vous faites !
Vous devez être épuisée le soir ? »
Si c'est leur petit qui hurle quand on le prend de leurs bras :
« Ne pleure pas chéri, maman-papa reviennent te chercher très vite ! »
et en me regardant :
« Vous croyez qu'il va se calmer ? Ça me fend le cœur de partir en le voyant comme ça.
Ne vous inquiétez pas, en général ça passe très vite, dès qu'il ne vous verra plus »
C'est vrai la plupart du temps, quand les parents sont hors de vue les pleurs s'amenuisent. Il reste alors à consoler les plus sensibles, les plus jeunes, ceux de la fin de l'année qui ont encore plus de mal à comprendre ce qui leur arrive, se sentant abandonnés.
J'essaie,avec l'aide de l'atsem, de calmer les uns et les autres, la meilleure façon étant la diversion :
« Regarde Lucas, ce petit chat (une peluche, une image, tout peut faire l'affaire),
Tu viens avec moi nourrir le poisson rouge ?
Je vais te donner une feuille et tu vas faire un beau dessin pour maman, tu le lui donneras ce soir »
N'oublions pas qu'ils découvrent du haut de leurs trois ans, moins pour certains, un univers pour le moins surprenant et pas vraiment sécurisant.
Ils se retrouvent, à peine sortis de crèche, pour les plus chanceux du point de vue de l'adaptation, ou de chez leur nounou, ou encore, plus rare de nos jours, du foyer familial avec maman qui a pris un congé pour s'occuper d'eux, propulsés dans la collectivité avec tout ce que cela entraîne.
Ces jeunes enfants bénéficiaient jusqu'alors d'un encadrement adapté à leur âge, avec davantage de personnes autour d'eux. Plus ils sont petits, moins ils sont autonomes,
et pourtant ce n'est apparemment pas ce que pensent nos ministres successifs qui ont tendance à augmenter les effectifs pour supprimer du personnel (maintenant c'est le tour des crèches de subir cette loi du rentable).
A l'école maternelle on surcharge donc les classes, trente/trente-cinq voire plus car,
comme me l'avait dit un directeur à qui je me plaignais de l'effectif surchargé :
« Mais Jacinte, 30 en maternelle c'est normal ! »
Je suis partie voir ailleurs à la recherche d'une classe plus allégée. J'ai trouvé l'école « idéale », une classe de 26 élèves, un environnement sympa avec une grande cour, des arbres, du sable... et des collègues accueillants avec lesquels je me suis tout de suite sentie à l'aise.
Cela a duré trois ans... jusqu'à ce que cette vieille, mais sympathique école, soit vendue au bénéfice d' une toute neuve beaucoup moins conviviale. Ma nouvelle classe sentait bon le neuf mais elle était un peu plus petite que la précédente et surtout on l'a remplie avec plus d'élèves...