Ce soir sur l’esplanade des Droits de l’homme avait lieu, à l’initiative du MRAP, un rassemblement en solidarité avec les peuples en lutte pour leur liberté.
Voici ce qui s’est dit, en substance, lors de la prise de parole de ce soir :
« Un proverbe libyen dit « Le silence est le cousin de l’approbation ».
Le peuple tunisien, en chassant Ben Ali a ouvert la voie. Dès les grèves du bassin minier de Gafsa en 2008, la contestation était sur le terrain social. Les manifestants ont obtenu la démission du Premier Ministre issu du régime Ben Ali.
Le peuple égyptien a relevé la tête, brisé la chape de plomb et chassé Moubarak. Les questions démocratiques et sociales sont au coeur des revendications portées par les manifestants.
Dans toute la région les peuples se soulèvent contre les régimes autoritaires ou dictatoriaux, corrompus et népotiques : à Bahreïn, en Algérie, en Jordanie, à Djibouti, au Maroc, en Iran et ailleurs encore ! D’autres pays suivront.
Et nous n’oublions pas le peuple palestinien dont les droits fondamentaux sont obstinément niés par les gouvernement israéliens successifs qui violent le droit international en toute impunité.
Aujourd’hui, notre attention va aux évènements sanglants de Libye. Des milliers de personnes fuient les atrocités. Kadhafi n’a pas hésité à faire tirer à l’arme lourde, à utiliser des chars et à bombarder la population. Les victimes sont des civils qui expriment pacifiquement des revendications démocratiques et sociales, pour les libertés politiques et un autre partage des richesses.
Les révoltes dans ces pays du Proche et Moyen Orient et d’Afrique constituent un tournant fondamental. Les peuples en mouvement ont la capacité de changer le cours de leur histoire. Partout la revendication pour les droits politiques et civiques est liée à celle des droits sociaux.
Ce rassemblement a pour but de réaffirmer la solidarité envers ces peuples et le soutien à ces révolutions. Les régimes autoritaires en place, n’ont prospéré pendant si longtemps, qu’ avec la bénédiction, la complicité et le soutien des dirigeants occidentaux. Pendant des décennies, les dictateurs en place leur garantissaient la stabilité des États de la région, l’accès
au pétrole et des conditions maximales d’exploitation des richesses de ces pays.
Tantôt marchands d’armes et de nucléaire, et tantôt négociateurs bilatéraux, par le rapport de force et une prétendue aide économique, ils externalisent la gestion inhumaine des migrations pour le compte d’une Europe qui se construit comme une forteresse.
L’avenir de ces révolutions démocratiques se jouent aussi ici car si les rapports Nord-Sud ne sont pas profondément modifiés on peut craindre de graves retours en arrière.
L’action des gouvernements occidentaux peut hâter la fin des dictatures les plus honnies et les plus sanglantes comme celle de Kadhafi… mais une fois l’effet de surprise passé et les condamnations immédiates, les gouvernements occidentaux ne chercheront-ils pas par tous les moyens à limiter ou à remettre en cause la portée des changements intervenus afin de continuer à se garantir des conditions maximales d’exploitation des richesses de ces pays.?
En renversant leurs dictateurs les peuples du Proche et du Moyen Orient tournent une page de l’histoire et ouvrent une nouvelle voie aux peuples du monde entier.
Dans ces moments porteurs d’avenir mais difficiles, les peuples de la région ont besoin de tout notre soutien. C’est ce que nous avons voulu exprimer ici ce soir. »